Episode 7 – Un trésor d’histoire à Archingeay

Dans notre village, il existe un lieu chargé d’histoire. Autrefois, école de garçons, puis mixte, il devient un musée dédié aux objets usuels de la vie courante du début du siècle dernier.

Bien avant, il abritait l’école des garçons. Car il y avait non pas une mais deux écoles : l’une pour les garçons, l’autre pour les filles (actuelle école). Remontons dans le temps, aux origines de la mixité dans l’enseignement. Avec elle, d’autres avancées vont arriver.

Archingeay autrefois

La mixité – toute une histoire

Aujourd’hui, la mixité est rentrée dans les mœurs. Cependant ce fut un long cheminement de 2 siècles. Après la révolution, l’instruction commune des garçons et des filles n’est pas encore de mise, malgré les appels à la « réunion des deux sexes » sur les bancs de l’école. Si les filles doivent apprendre à « lire, écrire, compter » en vertu de l’égalité des citoyens, elles se préparent « aux talents utiles dans le gouvernement d’une famille ».

Ci-dessus, une copie du cadastre (date indéterminée). L’école est placée au numéro 2644.

Condorcet – un pilier de l’Éducation

Parmi les pères de l’éducation qui ont marqué la discipline, on compte Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, Marquis de Condorcet. Il est mathématicien, philosophe, homme politique et éditeur français, représentant des Lumières. Parmi ses combats, il s’illustre par la réforme de l’enseignement en incluant la mixité.

Il intègre les niveaux dans l’enseignement. Un premier degré obligatoire où l’on y enseigne les bases : lecture, écriture, calcul, morale, économie et science de la nature. Un second niveau où l’on enseigne la grammaire, l’histoire, la géographie, une langue étrangère, les arts mécaniques, le droit et les mathématiques. Ces deux degrés proposent un enseignement non spécialisé. Le lycée est l’équivalent de nos universités.

Le XIXème siècle – une mixité mitigée

La loi Guizot de 1833 impose aux communes de plus de 500 habitants l’ouverture d’une école de garçons. En 1867, il est prévu l’ouverture supplémentaire d’une école de filles dans les mêmes communes.

Néanmoins, certains villages ne peuvent s’offrir deux écoles et payer un instituteur et une institutrice. C’est une fausse mixité car elle s’accompagne d’une séparation matérielle et permanente dans les classes, entre le côté des garçons et celui des filles. Des lois rappellent cette obligation et vont jusqu’à déterminer la hauteur de la cloison qui doit séparer les garçons et les filles, un mètre minimum, puis un mètre cinquante. Ce même texte prévoit qu’on laisse s’écouler un quart d’heure entre la sortie des garçons et celle des filles, afin d’éviter qu’ils ne se rencontrent à la sortie de l’école.

Jules Ferry dans la loi du 28 mars 1882 sur l’enseignement rend l’instruction obligatoire. De grandes améliorations apportées par la loi concernent la scolarisation des filles et des enfants des campagnes. Il réitère également le principe de la gratuité de l’enseignement.

Le XXème siècle – vers une réelle mixité

Il faudra attendre 1924, pour que les filles reçoivent le même enseignement secondaire que les garçons. Le contenu de l’enseignement est désormais le même pour les deux sexes, bien que ceux-ci restent séparés. Les lycées de jeunes filles ont ainsi la possibilité de présenter leurs élèves au baccalauréat, alors qu’elles s’y présentaient auparavant en candidates libres. La mixité est néanmoins l’apanage de la V ème République : elle se généralise pendant les années 1960.

Cette carte postale d’Archingeay date des années 50. Devant l’école, la voiture du maître est garée.

En 1965, la mixité est étendue à toutes les écoles élémentaires nouvellement créées, par la circulaire du 15 juin 1965. Des textes de 1962 et 1968 renforcent les pouvoirs des recteurs en matière de fusion des écoles de garçons et de filles. A la fin des années 1960, presque toutes les écoles primaires sont mixtes. En 1967-1968, les classes distinctes de garçons et de filles ne subsistent que dans les grosses écoles.

En application du décret du 3 août 1963, les collèges d’enseignement secondaire (CES) sont mixtes dès leur création pour faire face à l’explosion des effectifs scolaires, résultant elle-même de la croissance démographique – c’est l’époque du baby boom – et d’une demande sociale accrue en faveur de la scolarisation.

Date importante dans l’histoire de la mixité, 1976, avec la loi dite « Haby » qui rend la mixité obligatoire dans l’enseignement primaire et secondaire.

Notre ancienne école, devenue mixte, a cessé d’accueillir des élèves en 1995. Une photo de classe datant de l’année scolaire 1990-1991 atteste qu’elle était encore en activité à cette époque.

1998 – 2023 – les 25 ans des Trésors de Lisette

Cela fait 27 ans que les actuels propriétaires du musée, Mme Gisela et M. Eric Zinth de Kentzingen, couple franco-allemand, ont posé leurs valises à Archingeay avec un projet : construire un musée destiné à accueillir des objets du quotidien utilisés jusque dans les années 50. 

Ensemble avec leur fille Emily, ils ont donc réhabilité l’ancienne école de garçons en lui donnant une nouvelle vocation ; plonger les visiteurs dans la vie de nos aïeux.

L’histoire dans l’histoire

Après deux ans de travaux pour réhabiliter les lieux, en 1998, Eric, vêtu d’un maillot de bain 1900, faisait un discours d’inauguration devant les habitants qui étaient tous conviés à venir habillés en costumes d’époque.

Mais qui est Lisette ?

Elle est servante. Elle vous accueille du haut du musée. Elle bat son tapis. C’est son 10ème ! C’est une travailleuse du quotidien qui met tout en œuvre pour garder la maison propre. Elle nettoie, prépare les repas. Elle n’arrête pas. 

C’est le personnage central de ce voyage depuis 25 ans.

Cherchez l’erreur

Le parcours dans le musée se veut immersif. L’idée est de plonger le visiteur dans une scène de la vie courante. Il a fallu beaucoup d’imagination pour mettre en place plusieurs Search Games (au choix) pour petits et grands. Par exemple, dans les « les intrus » il faut retrouver les anachronismes ; quels objets ne correspondent pas à l’époque ?

Gisela et Eric, passionnés d’histoire, depuis plus de 50 ans, ont collectionné ces trésors ; vaisselles émaillées, jouets, textiles, miniatures, curiosités mais aussi objets publicitaires. Ils proviennent de près de 25 pays.

Chapeau bas Lisette !

A l’époque, hommes et femmes portaient de jolis chapeau très variés.

Pour ces dames, le choix était varié. On en retrouvait décorés de fleurs, d’oiseaux, de fruits et papillons artificiels, de plumes, etc….

Pour les hommes, canotier, casque tropical, casquette pour les marins. Les plus élégants portaient le chapeau claque ou le haut de forme. Autant d’accessoires de mode que vous retrouverez au musée.

Une pépite dans notre village

Si vous souhaitez faire un saut dans cette époque, Gisela et Eric seront heureux de vous recevoir, en groupe ou individuellement. Le musée est ouvert toute l’année. En Juillet, Août, Septembre, tous les jours, sans réservation de 15 à 19h. Il ne faut pas hésiter à les solliciter. Ils accueillent également des groupes tels que des rassemblements de véhicules anciens. Et depuis 15 ans, les élèves de l’école d’Archingeay, presque chaque année, sont accueillis gratuitement.

Retrouvez également Les trésors de Lisette dans « la Route historique des Trésors des Charentes« , une sélection de sites prestigieux.

Remerciements

Je tiens à remercier Gisela et Eric Zinth de Kentzingen pour leur accueil et la somme d’informations qui m’ont permis de réaliser cet article.

Coordonnées

Les Trésors de Lisette
1001 choses du foyer vers 1900
17380 Archingeay
Tél : 05-46-97-81-46
mail : lestresorsdelisette@orange.fr
Web : https://lestresorsdelisette.fr/

Sources numériques

Slate – Quand l’école séparait les filles et les garçons à la récré – Anne Verdet – 6 Octobre 2016 site internet : https://www.slate.fr/story/124812/long-chemin-mixite-recreation

Sénat – Rapport d’information n° 263 (2003-2004), déposé le 13 avril 2004 site internet : https://www.senat.fr/rap/r03-263/r03-263.html

Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_de_Condorcet

Archives du gouvernement – Jules Ferry rend l’enseignement primaire obligatoire https://www.gouvernement.fr/partage/10037-jules-ferry-rendait-l-enseignement-primaire-obligatoire

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