Épisode 5 – Si La Vallée m’était conté

2ème partie

Archingeay autrefois

Rappel du 1er épisode

Grâce au manuscrit d’Henry Venant, nous pouvons dater sa fondation dans les années 1500 par la famille Guitard.

Une théorie persiste selon laquelle, le château était construit sur des vestiges gallo-romains. Des preuves de cette théorie existent encore.  Néanmoins, si l’auteur de l’avait pas lui-même mentionné, il aurait été impossible d’en connaître son existence.

Les Montaigne – Seigneurs de la Vallée

En 1613, Raymond de Montaigne (neveu de la famille Guitard) devient héritier du domaine. Il était petit-fils de Geoffroy de Montaigne et neveu de Michel de Montaigne. C’est Michel le rédacteur du traité philosophique qui s’intitule « les essais ». On peut résumer sa pensée de 3 tomes et 107 chapitres par ces questions :   « qu’est-ce que l’homme ? » ou, plus exactement, « que sais-je, moi, Michel Eyquem de Montaigne ? ». Vaste sujet donc qui invite à la réflexion.

Mais revenons à Raymond. En Octobre 1614, il fut nommé député de la Saintonge. Réunis en députation (réunion de personnes chargées d’une mission selon le dictionnaire Robert) à Paris. En Novembre, les députés commencèrent leurs travaux. Ils demandèrent au Roi et la Reine une diminution de la taille. Il s’agit d’une taxe arbitraire prélevée par le seigneur sur ses paysans en échange de sa «protection».

D’abord, la réponse fut froide et laconique. Mais en Mars 1615, le Roi clos les Etats Généraux et accorde enfin la baisse de la taxe. 

Cette charge lui fut favorable également. En effet, il est nommé Commissaire député pour la vérification du domaine du Roy. En 1620, il se démit de sa charge de lieutenant général du présidial. En 1624, il prend possession de l’Abbaye de Sablonceaux. Il fut aussi prieur d’Archingeay, mais aussi curé de St-Savinien.

Ces nombreuses charges lui valurent de nombreux procès dont certaines coururent après sa mort et furent repris par ses héritiers.

En 1629, le roi Louis XIII le nomma à l’évêché de Bayonne, préconisé à Rome par le Pape Urbain VIII. Il fut sacré en l’Église des Récollets à Saintes par l’évêque de Poitiers. Il abandonne sa charge de président du Présidial. En 1635, il fut député du clergé. A Paris, lors de l’assemblée générale, il obtient de nombreux avantages pour l’évêché de Bayonne. Il règle aussi des questions fiscales.

Il rencontre alors de nombreuses disputes pour le maintien de ses droits. Des querelles incessantes eurent raison de sa détermination. Pour trouver le repos, il se réfugie à la Vallée. C’est en Février 1637 qu’il remet au Roi sa démission de la charge de son évêché.

Le 8 Mars 1637, il s’éteint à l’âge de 69 ans. Il sera inhumé dans l’église des Récollets qu’il fit construire et dans laquelle il fut sacré.

Il lègue tous ses biens à son fils Nicolas qu’il avait eut avec Marie de Maulevant bien avant ses fonctions cléricales.

Nicolas de Montaigne est connu pour avoir dissipé une grande partie de la fortune amassée par son père. Rien ne le destinait à devenir homme d’église. Il fut cependant, abbé de Notre Dame des Alleux au diocèse de Poitiers et prieur d’Archingeay. Le pape le releva de ses charges afin qu’il épouse le 18 Novembre 1674, Louise de Saberville. De cette union est née Marie Louise de Montaigne. Il meurt le 10 Août 1680. Avec lui s’éteint la lignée des Montaigne de la Vallée.

La Famille Gombaud

C’est Raymond de Gombaud qui lui succède. Il demeura seigneur de la Vallée pendant près de 45 ans (1651-1695). Avocat au parlement, il obtient des lettres de provision (1654) (actes royaux par lesquels les officiers sont pourvus de leur charge) pour devenir conseiller au parlement. Il épouse Catherine de Lamothe. Ils eurent pas moins de 11 enfants ! Il voyage beaucoup pour assurer ses fonctions ; Bordeaux, Toulouse, Marmande. Sa famille demeure à la Vallée.

Le 28 Octobre 1665, se produisit une tragédie. 4 enfants de Raymond, sa mère, et 5 autres personnes se noyèrent en passant le pont des Frères à Saintes.

Malgré le chagrin, Raymond poursuit son ascension. Il devient seigneur du Trichollet et de Coulon. Il obtient le poste de conseiller du Roy à la chambre du Parlement. Il s’éteint en novembre 1695. Il est inhumé le lendemain en l’église d’Archingeay où les seigneurs de la Vallée avaient leurs sépultures.

Nicolas de Gombauld lui succède. Mais il garda que peu de temps car il décède à l’âge de 37 ans. Catherine Gombauld devient alors dame de la Vallée. Elle épouse le 22 Mai 1710 Jean Bertrand de St Orens, écuyer et major des dragons du Parlement. Il fait fructifier les avoirs familiaux. Il participa à de nombreuses batailles ; dans les Flandre (1696-1698), le Roussillon (1707) entre autres. Il se retire du service en 1723 avec la croix de chevalier de St Louis. Il vient habiter à la Vallée.

Le 5 Février 1732, Madame de Gombault St Orens meurt à l’âge de 63 ans. Son mari la suivit de près. Il meurt le 18 Septembre 1732. N’ayant pas eu d’enfants, c’est sa sœur Anne Françoise de Begeon qui devient propriétaire du domaine. Cette veuve (1720) vendit 3 mois après une très grande partie de ses possessions à Nicolas Joseph Théodat de Sossiondo, enseigne des vaisseaux du Roy à Rochefort. Me Begeon s’éteint le 6 Octobre 1745 à l’âge de 79 ans.

Les Sossiondo – une famille marquée par la Révolution

Sans nous étendre sur les origines de la famille Sossiondo, nous savons qu’ils viennent de Bayonne. Dans les rangs de cette famille, on compte des bourgeois, des échevins, un maître de la monnaie, un receveur de l’amirauté et un évêque.

Revenons à Nicolas Joseph. Il porta le nom de Théodat I de Sossiondo. Né le 21 Avril 1697. Il gravit les échelons militaires de la marine ; de garde de la compagnie de Rochefort (1713) à enseigne des vaisseaux du Roy (1730). Il épouse le 6 Mai 1734, Me Marie-Anne de Pamajon. Ils eurent 2 enfants : Anne (1737) et Théodat II (1739).

Me Pamajon meurt en 1740 en mettant au monde un enfant qui ne survit pas. Elle n’avait pas encore 27 ans. Joseph abandonne sa charge d’enseigne de vaisseau en 1745. Il vint s’installer à la Vallée. Peu avant (1744), il épouse en seconde noce Marie Marthe Gaillard. Le sort s’acharne sur Joseph. Une double tragédie dont il restera marqué. Leur fille Rose (née en 1747) meurt à l’âge de 2 ans. Rongée par le chagrin, Marie Marthe ne se remet pas et meurt peu après. Quant à Joseph, il décède à l’âge de 58 ans.

Suite à cela, Anne et Théodat II devinrent légataires des biens familiaux. N’étant pas majeurs, il durent obtenir des lettres d’émancipations afin de partager les biens en bonne et due forme. Elle épouse François Raymond Dubergier de Lusié, capitaine d’infanterie et chevalier de St Louis. Il meurt âgé seulement de 38 ans. 

Il ne reste qu’une seule fille des 3 enfants ; 2 enfants meurent en bas âge. Marie Simone Dubergier qui épouse Elie Louis Dufaure de Lajarte, chevalier et conseiller du Roi, avocat au parlement. Son destin fut également funeste. Il fut arrêté sous la terreur. Il est condamné à mort et exécuté avec 7 autres collègues le 22 Messidor An II (10 Juillet 1794) en place publique à Bordeaux. Marie Simone décède à l’âge de 53 ans (16 Octobre 1821). Sans enfants, ses biens furent répartis à des tiers.

Théodat II, quant à lui, eut 7 enfants avec Marie Angélique Frottin de Perray. 2 moururent en bas âge. En 1773, il obtient la succession de son oncle, ce qui accroît encore ses possessions. Il menait grand train ; faisait des réceptions somptueuses. Certains témoignages expliquent qu’une table immense était dressée du château au bourg d’Archingeay afin d’accueillir les nombreux convives. Cette reconnaissance du ventre eut raison des ardeurs républicaines. En effet, lors de la révolution qui ensanglanta le pays, la famille fut relativement épargnée. Ils continueront à habiter la Vallée. Cependant, des proches n’eurent pas cette chance et furent exécutés. On relate la fin tragique de membres de la famille dont certains sont guillotinés. Cet épisode sanglant de notre histoire eut raison de la santé de Théodat. Il mourut le 30 Vendémiaire an IV (22 Octobre 1795) à l’âge de 58 ans. Sa veuve s’éteint en 1808 âgée de 66 ans.

L’ensemble des biens furent répartis entre les 5 enfants. Cela engendra le morcellement de la propriété. Le 29 Prairial an IV (17 juin 1796), le domaine fut réparti en 5 parts égales. Peu à peu, les mariages, les ventes réduisent le domaine. Autrefois, il s’étendait loin. On sépare même la demeure en deux parties : le logis et le domaine.

Notre voyage dans le temps s’arrête ici. La rédaction du manuscrit étant faite en 1915, il ne fait pas mention des autres propriétaires

Vous n’avez pas vu des lions ?

Autrefois la grille étant rehaussée de 2 lions monumentaux qui gardaient l’entrée du domaine. On raconte que suite à un déménagement, ils furent dérobés sans que l’on puisse mettre la main sur ce précieux butin.

Il faut excuser la piètre qualité de cette image. Elle a 106 ans !

Changement de décos

C’est Mr Alexandre Venant en 1841 qui fit abattre les tours. On raconte qu’il fallut utiliser de très nombreux bœufs pour réaliser la tâche. Pourquoi ce changement ? Il voulut simplement effacer tout ce qui rappelait le passé et rendre l’habitation plus agréable. Il changea également les fenêtres et les remplacera par des ouvertures à bords droits.

Hommage

Au-delà du siècle qui nous sépare, je voulais contredire le rédacteur du manuscrit. En préambule il déclare. “malgré le soin que nous avons pris à la rédaction de cette notice, nous doutons cependant que ceux qui liront ces lignes éprouvent (…) le plaisir que nous avons eu à les écrire« . Mr Venant merci et pardonnez moi de vous faire mentir. J’ai plongé avec délice dans cet ouvrage à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui ont construit l’histoire de la Vallée et de notre village.

Tant de personnes historiques qui ont tous un point commun, un profond attachement pour La Vallée. Lorsque les tribulations les frappent, il se retrouve dans ce havre de paix. Beaucoup on ainsi élu domicile au château.

Remerciement

Une fois encore, je tenais à remercier les propriétaires actuels Sylvia et Emil SCHOEGJE. Eux aussi ont succomber au charme de cette demeure chargée d’histoire. Ils œuvrent à la conservation de ce monument. Sans eux, il n’aurait pas était possible de rédiger ces 2 épisodes.

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